Le rôle du microbiote intestinal dans la prévention des allergies

Le rôle du microbiote intestinal dans la prévention des allergies

Publié le 13/06/2023

Prévention des allergies et microbiote intestinal

Face à un (ou plusieurs) allergène(s), notre système immunitaire réagit de manière excessive, entraînant divers symptômes : congestion nasale, paupières enflées, larmoiement, difficulté à respirer, éruptions cutanées, démangeaisons... Il est crucial de détecter ces manifestations allergiques rapidement et d'adapter son mode de vie, notamment en adoptant des mesures hygiéno-diététiques, pour préserver son bien-être !

 Le rôle des bactéries du microbiote intestinal dans la prévention des allergies représente une voie de recherche prometteuse et passionnante.

Voici quelques explications et recommandations pour une vie quotidienne plus saine et paisible !

Appréhender les mécanismes de l'allergie

Être allergique signifie avoir une hypersensibilité du système immunitaire face à un (ou plusieurs) allergène(s). Notre corps, plus réactif à certains éléments de notre environnement, déclenche une réponse excessive face à cet agent extérieur.

Pour qu'une allergie se manifeste, deux conditions sont requises : une predisposition génétique chez l'individu et une exposition à la substance allergène. La prédisposition génétique ou héréditaire à développer une allergie est communément appelée atopie.

Déclenchement du processus allergique : comment cela se produit-il ?

Le mécanisme de défense contre l'allergie s'active en deux étapes : la sensibilisation et la réaction.

  • L'initiation se produit lorsque l'allergène touche notre corps pour la première fois. À ce moment-là, nous devenons « sensibles » à celui-ci. En gros, notre organisme met en marche des globules blancs (nommés lymphocytes Th2) qui, à leur tour, déclenchent des lymphocytes B. Ces lymphocytes B émettent des anticorps, les Immunoglobulines E (ou IgE) qui se lient à certaines cellules du système immunitaire (mastocytes « dits » sensibilisés) localisées au niveau de la peau et des muqueuses.

  • En étape de réponse (ou phase d'activation), l'allergène et le système immunitaire se rencontrent une seconde fois. Lors de cette nouvelle exposition, les mastocytes libèrent des éléments (histamine et molécules inflammatoires) qui entraînent la majorité des symptômes allergiques.

Quelle relation entre déséquilibre du microbiote intestinal et manifestations allergiques ?

L'intestin joue également un rôle direct dans les allergies. Ce n'est guère surprenant puisque 60 à 80 % des cellules immunitaires résident dans l'intestin. L'interaction entre le système immunitaire et les bactéries intestinales contribue à déterminer si l'organisme va tolérer les substances étrangères, telles que les allergènes comme le pollen ou la poussière, ou réagir à ceux-ci par des symptômes allergiques.

Facteurs associés au microbiote qui augmentent le risque d'allergie :

  • Accouchement par césarienne
  • Enfant unique
  • Régime alimentaire peu varié comprenant des aliments ultra-transformés (« junk food »)
  • Utilisation de désinfectants et d'agents antiseptiques
  • Prise d'antibiotiques

Facteurs associés au microbiote qui réduisent le risque d'allergie :

  • Présence d'animaux domestiques
  • Famille nombreuse
  • Alimentation riche en fibres alimentaires et en aliments fermentés
  • Allaitement maternel
  • Diversité de la flore intestinale et utilisation de probiotiques

Ainsi les perturbations du microbiote intestinal, également nommées « dysbioses », ont été impliquées dans les dérèglements liés aux allergies. Ces dérèglements seraient dus à des changements dans l'implantation des bactéries intestinales durant la petite enfance, période cruciale pour le développement du système immunitaire.

De ce fait, des variations dans la constitution du microbiote digestif ont été constatées entre des jeunes vivant dans des nations ayant des taux faibles par rapport à élevés de pathologies allergiques, ainsi qu'entre les jeunes d'une même nation, mais montrant ou non des symptômes d'allergie. Il a été démontré en particulier que le microbiote digestif des jeunes atteints d'atopie contenait moins de Bifidobacterium que celui des individus non allergiques témoins. Le rôle du microbiote digestif a aussi été mis en avant dans plusieurs recherches observationnelles qui ont révélé un lien entre une hausse du risque de dermatite atopique, de rhinite allergique et d'asthme et l'emploi d'antibiotiques à un âge précoce.

Cette connexion étroite entre microbiote digestif et allergie suggère qu'une modification du microbiote digestif, grâce à un apport spécifique en probiotiques, pourrait aider à prévenir les allergies.

Quelles sont les solutions pour combattre les allergies ?

Devant les allergies, plusieurs actions doivent être mises en œuvre. Afin de gérer les allergies respiratoires en particulier, trois types d'intervention sont envisageables :

  • La réduction des allergènes vise à minimiser les chances de contact avec les substances allergisantes, notamment en modifiant son cadre de vie (changements intérieurs, acquisition de meubles appropriés, éloignement des animaux, etc.).
  • Les traitements symptomatiques ont pour objectif d'atténuer les manifestations de la réaction allergique, afin de mieux gérer les crises.
  • En dernier lieu, l'immunothérapie allergénique ou ITA est le seul traitement capable de modifier l'évolution de la pathologie allergique selon l'OMS. Elle est également appelée « désensibilisation » et près de 250 000 patients en France entament chaque année ce traitement de fond, dont il convient de souligner qu'il est onéreux et contraignant.

Le impact des nutriments et de l'alimentation sur les allergies est également de plus en plus étudié. L'objectif : renforcer notre système immunitaire pour mieux combattre l'allergie, notamment en influençant la composition du microbiote intestinal.

Les probiotiques contribuent à rétablir les propriétés et l'équilibre du microbiote intestinal.

Dans une méta-analyse publiée en 2010 et rassemblant 7 études cliniques menées chez des patients souffrant de rhinite allergique, les auteurs ont constaté une amélioration de la qualité de vie et une réduction du nombre de rhinites par an dans le groupe probiotiques par rapport au groupe placebo9.

Chaque type de probiotique détient des propriétés distinctes, en particulier en ce qui a trait à leur aptitude à provoquer et conserver la tolérance face aux allergènes. Voilà pourquoi il est essentiel de choisir un assortiment de souches probiotiques en fonction de leurs caractéristiques particulières.

Points à retenir

  • Les manifestations variées de l'allergie comprennent : congestion nasale, paupières enflées, larmoiement, difficulté à respirer, éruptions cutanées, démangeaisons...
  • Le rôle des bactéries du microbiote intestinal dans la prévention des allergies représente une voie de recherche novatrice et prometteuse
  • Deux éléments sont nécessaires pour déclencher une allergie : une predisposition génétique chez la personne et une exposition à l'allergène
  • Le processus de défense contre l'allergie se déroule en deux étapes : la sensibilisation et la réaction
  • Reconnaître une allergie dès l'apparition des premiers signes permet de mieux la gérer et d'éviter une aggravation des manifestations en l'absence de traitement
  • Il y a différents types d'allergies : allergies respiratoires, allergies cutanées, allergies alimentaires
  • Des déséquilibres du microbiote intestinal, également nommés « dysbioses », ont été impliqués dans les troubles liés aux allergies. Ces troubles seraient dus à des changements dans l'implantation des bactéries intestinales durant la petite enfance, période cruciale pour le développement du système immunitaire
  • L'administration de probiotiques à la femme enceinte (et au nourrisson après sa naissance) impacte favorablement le développement du microbiote intestinal et réduit les risques d'allergie, surtout si la mère a des antécédents allergiques ou si l'enfant naît par césarienne
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